Wednesday, March 28, 2012

Les sirènes dans la tradition gréco-romaine

Ulysse et les sirènes, célèbre œuvre de Draper Herbert James
Selon la tradition homérique, les sirènes sont des divinités de la mer qui séjournent à l'entrée du détroit de Messine en Sicile. Musiciennes dotées d’un talent exceptionnel, elles séduisaient les navigateurs qui, attirés par les accents magiques, de leurs lyres et flûtes perdaient le sens de l’orientation, fracassant leurs bateaux sur les récifs où ils étaient dévorés par ces enchanteresses. Elles sont décrites au chant XII de l’Odyssée comme couchées dans l'herbe au bord du rivage entourées par les « amas d'ossements et les chairs désséchées des hommes qu'elles ont fait périr »[2].

L'origine des sirènes n’est pas claire. Selon la mythologie, elles étaient filles du fleuve Achéloos et de la muse Calliope (ou de Terpsichore, la Muse de la danse). Les Romains racontent d'ailleurs que les sirènes étaient à l'origine des femmes normales, elles auraient été les compagnes de Koré, devenue par la suite "Perséphone", et auraient laissé Hadès l'emmener. Les sirènes auraient reçu leur forme comme punition pour ce crime et, par la suite, les sirènes, chantaient prophéties et chansons relatives au royaume d'Hadès[3]. Euripide évoque dans Hélène[4] le caractère funéraire des sirènes ce que confirment les représentations de sirènes sur des stèles funéraires[5].
Une autre explication de leur métamorphose en attribue la cause à la colère d'Aphrodite. La déesse de l'Amour, les affubla de pattes et de plume tout en conservant leur visage de jeunes filles parce qu’elles avaient refusé de donner leur virginité à un Dieu ou à un mortel[6].
Ces divinités, fluviales à l'origine, étaient très fières de leur voix et défièrent les Muses, filles de Zeus et de Mnémosyne. Les Muses remportèrent le défi et exigèrent une couronne faite des plumes des sirènes, ce qui les priva du don de voler[7]. Vaincues, elles se retirèrent sur les côtes d'Italie méridionale.
Elles interviennent dans l'histoire des Argonautes, rapportée par Apollonios de Rhodes[8]. Alors que l'Argo s'approchait de leurs rochers, Orphée triompha d'elles par la beauté de son chant. Seul l'un des marins, Boutès préféra la mélodie des sirènes à celle du fils de Calliope. Il se jeta dans la mer pour rejoindre les enchanteresses, mais fut sauvé par Aphrodite.
De même, Ulysse et ses compagnons parvinrent à résister à leur pouvoir de séduction. Après avoir été mis en garde par Circé, Ulysse fit en effet couler de la cire dans les oreilles de ses marins pour qu'ils ne puissent pas entendre les sirènes tandis que lui-même se faisait attacher au mât du navire pour pouvoir jouir de leur chant sans se précipiter vers elles malgré la tentation. Suite à cela, les sirènes se seraient suicidées de dépit en se jetant dans la mer du haut de leur rocher.

Nombre et noms des sirènes

Les sources divergent au sujet de leur nombre et de leurs noms. Il n'est pas mentionné chez Homère. Toutefois une scholie à l'Odyssée fait remarquer qu'Homère utilise à plusieurs occasions le duel, ce qui sous-entend qu'il y aurait deux sirènes. Il précise qu'il existe quatre sirènes dont il donne les noms, Aglaophème (Ἀγλαοφήμη, celle à la réputation brillante), Thelxiépie (Θελξιέπεια, celle qui méduse par le chant épique), Pisinoé (Πεισινόη, celle qui persuade) et Ligie (Λιγεία, celle au cri perçant). Pour Apollodore, les Sirènes sont trois et s’appellent Pisinoé, Aglaopé, Thelxiépie

. D'autres noms sont donnés dans les sources ; ils font toujours référence au pouvoir des sirènes : Aglaophonos (Ἀγλαοφώνος, celle qui a une belle voix), Aglaopé (Αγλαόπη, celle au beau visage), Thelxinoé (Θελξινόη, celle qui enchante) ; Thelxiope (Θελξιόπη, celle qui méduse par la parole), Molpé (Μόλπη, la musicienne, Raidné (l’amie du progrès), Télès (la parfaite). Une autre tradition suivie par Apollonios de Rhodes, Lycophron ou Strabon considère que les sirènes sont trois et ont pour noms : Leucosie (Λευκωσία, la blanche), Ligie, Parthénope (Παρθενόπη, celle qui a un visage de jeune fille). Traditionnellement, lorsqu'elles sont trois, une joue de la lyre, une autre de la flûte et la troisième chante.

Localisation géographique

Dès l'antiquité le débat fut vif concernant la localisation des épisodes homériques. Selon les Grecs, les sirènes vivaient sur une ou plusieurs petites îles vertes situées à l’ouest de la Sicile : Anthemusa et les îles des Sirènes (selon les Siciliens, près du Cap Péloros, aujourd’hui Faros, tandis que les Latins les situent à Capri), se montrant particulièrement redoutables à l’heure de la sieste, par temps calme. Strabon rapporte que le tombeau de la sirène Parthénopè se trouvait à Neapolis. Leucosie aurait donné selon le même auteur son nom à l'île d'où elle s'est jetée dans la mer. Un rocher à triple pointe séparant le Golfe de Cumes du golfe de Posidonie s'appelait sirènes.

Représentation

 
Sirène médiévale sculptée, collégiale de Candes-Saint-Martin, XIIIe siècle
Sirène grecque du IVe siècle av. J.-C.

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